Pourquoi le secteur des télécoms est-il en crise ?
Le secteur des télécoms est en crise car il est l’un des plus incompris, en tout cas en France.
Incompris car les utilisateurs ne le voient pas comme ils pourraient regarder le secteur automobile.
Tout le monde veut son téléphone gratuit, mais qui irait réclamer sa Ferrari gratuite à Vinci sous prétexte qu’il a un abonnement télépéage illimité ?
Free, Orange, SFR, Bouygues, Coriolis Entreprise, chacun ses offres, plus ou moins les mêmes abonnements, savez-vous réellement ce que vous payez ?
Car au-delà de la magie marketing, des petits astérisques, des conditions générales que personne ne lit, il y a le besoin réel.
Les usagers sont totalement noyés, sollicités chaque jour pour payer moins cher sans savoir s’ils ont l’offre qui leur convient.
C’est un peu comme vendre une Austin Mini à une famille de 4 personnes avec un bobtail en leur disant qu’ils vont payer moins cher que leur Audi Q7…
Saviez-vous que nous sommes l’un des pays avec les meilleurs tarifs opérateurs ?
Pour certains voisins, nous faisons figure d’OVNI, parfois 2 fois moins chers qu’eux pour des services identiques.
Et pourtant, la plupart des consommateurs semble convaincue que les abonnements doivent encore diminuer voire être gratuits !!
Comment peut-on concevoir ces services gratuits, alors que l’on sait parfaitement qu’ils doivent payer les investissements, le matériel qui permet d’utiliser les réseaux filaires et mobiles, mais aussi les salariés qui vous répondent, ceux qui travaillent chaque jour au fonctionnement de tout ce que vous utilisez ?
Ne trouvez-vous pas bizarre de demander aux sociétés de ne pas gagner d’argent ?
Si l’arrivée de Free a permis de largement faire diminuer les tarifs des télécoms, pourquoi donc s’acharner sur un secteur où l’on a du concret, du palpable (matériel, terminaux, etc…), alors que banquiers et assureurs ne proposent que purs services, et tout le monde sait qu’ils empochent des sommes record !
Pourquoi ne réclame-t-on pas un compte bancaire sans agios, sans frais pour la carte bancaire, etc… ?
C’est donc déjà une crise d’image que subit le secteur des télécoms.
Plans sociaux
Les conséquences ne se sont pas faites attendre.
Depuis ces nombreuses réductions tarifaires, les opérateurs ne cessent de présenter des plans sociaux, alors qu’ils été générateurs d’emplois.
Bien sûr, la course à la rentabilité pour les actionnaires y est également pour quelque chose, mais ce n’est pas la seule raison.
Suppression de milliers d’emplois chaque année, recours aux «délocalisations» et à la sous-traitance, «taylorisation» à outrance des tâches, une volonté de « flexibiliser » pour atteindre un ratio idéal que les tarifs agressifs ont largement forcés.
Alors que les télécommunications sont un secteur avec un potentiel d’innovation inégalé, offrant des services et diffusent des informations comme jamais aucun autre secteur auparavant, il se retrouve touché par cette crise financière et identitaire, car aux yeux des usagers, le métier ne compte plus.
Les salariés sont instrumentalisés, interchangeables, de vrais fusibles sans aucune notion de compétence. Les plannings sont tellement millimétrés qu’il n’y a plus de place pour le travail bien fait.
Les télécommunications ont des obligations d’investissement car ils sont une industrie d’infrastructures, remplissant un rôle indispensable d’aménagement du territoire.
On oublie d’ailleurs souvent que le simple fait de déménager une ligne téléphonique ne relève pas seulement d’un simple appui sur un bouton.
On veut bien attendre 1 mois pour réceptionner une voiture neuve déjà construite, mais on refuse d’attendre 48h pour déployer une infrastructure fixe et internet, qui demande une mobilisation humaine et technique tout aussi importante.
Ces exigences des usagers, cette course capitaliste, tant d’éléments qui empêchent un secteur de s’épanouir comme il le devrait.
Et vous, seriez-vous prêts à payer votre abonnement plus cher si en échange vous saviez que cela permet de créer ou de conserver des emplois ?
Concernant maintenant les rachats.
Les rachats entre opérateurs ne devraient pas tant nous inquiéter.
En effet, le regroupement des opérateurs ne doit pas seulement faire croire à des ententes entre les opérateurs, ils vont être très surveillés !
Dans certains pays, il n’y a que 2, voire 3 opérateurs.
Si le régulateur des télécoms, l’ARCEP, ainsi que les associations de défense des consommateurs vont veiller au grain, forts de l’expérience vécue, pour éviter toute entente qu’ils craignent autant que les consommateurs, les opérateurs devront se montrer innovants, pour conserver leurs clients, les fidéliser et leur permettre de mieux comprendre les solutions dont ils disposent.
Finalement, il existera pour les particuliers et les entreprises 3 opérateurs implantés.
Orange, SFR (et ses filiales Numéricable, Telindus,…) et Free pour les particuliers.
Orange Business, SFR Business (et ses filiales Completel, Futur, LTI Télécom,…) et Coriolis Entreprise pour les professionnels.
Beaucoup se demandent quelles seront les conséquences de ce rachat, que deviendra Free, que va faire Orange, va-t-il encore s’entendre avec SFR ?…
Sachez d’abord que Free devrait profiter de ce rachat en récupérant les antennes de Bouygues, ce qui permettra à ce dernier de rattraper son retard.
De plus ce dernier investit beaucoup à l’étranger, ce qui permettrait de le voir se différencier nettement sur le roaming, et concurrencer Orange, qui reste le meilleur sur cette partie.
SFR déploie avec une grande avance sa fibre grâce au réseau de Numéricable, mais ne fait pas partie du conglomérant avec Orange du développement de la 5G.
Il y aura donc une vraie diversité entre les opérateurs qui auront chacun leur spécificité.
Ce qui prouve qu’il y a une crise, c’est la volonté des opérateurs de se diversifier.
Orange qui devient une banque devrait largement inquiéter ses concurrents opérateurs.
Imaginez qu’Orange propose à ses clients, avec un Livebox par exemple, un service de compte bancaire inclus, avec la carte de paiement offerte et des tarifs très attractifs.
Imaginez un commerçant qui, grâce à sa Livebox, ne paie plus son TPE ni les communications qui en incombent.
De nombreux services pourraient voir le jour et favoriser la migration vers l’opérateur historique qui serait capable de rallier de nombreux clients particuliers et professionnels.
Les banques et les assureurs proposent du pur service, et nous savons tous qu’ils brassent des fortunes, pourtant nous continuons à contribuer à leur enrichissement.
Paradoxalement, les opérateurs doivent toujours investir pour entretenir, mettre à jour leurs infrastructures et diversifier leurs offres, pourtant nous leurs demandons de toujours baisser leurs tarifs.
On ne parle pas ici de crise financière seulement, mais de crise identitaire et structurelle.
Bien sûr ce n’est qu’une analyse, il n’est pas question de dire que nous détenons la vérité, nous ne faisons que donner une interprétation de ce que nous constatons quotidiennement auprès de nos clients.
Il devrait y avoir une vraie réforme des télécoms, d’abord pour qu’ils se rendent techniquement abordables auprès des utilisateurs, que ces derniers comprennent ce qu’ils paient réellement. Les infrastructures, le développement, les intervenants humains, etc…
Il serait temps de redonner à ce secteur l’image novatrice qu’il mérite.